Le Ponte Vecchio — un emblème de Florence

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Sous le ciel gris et pluvieux de cette fin du mois de janvier, sa silhouette se dresse en face de nous, majestueuse et fragile. Le Ponte Vecchio, une des attractions touristiques figurant sur de nombreuses cartes postales de la ville de Florence, surplombe le fleuve de l’Arno depuis maintenant 671 ans.
Pourtant, déjà dans les années 120 après JC, les Romains, pour faire passer une de leurs nombreuses via romana ont construit à plusieurs reprises un pont à cet emplacement, mais toujours plus ou moins rapidement détruit par les crues capricieuses de fleuve. Il faut donc attendre 1345 pour que le Ponte Vecchio naisse réellement, de pierres et de poutres.
Dès lors s’y installent les tanneurs, les bouchers ou les poissoniers, profitant du cours d’eau emportant hors de la ville les déchets malodorants et sales, comme les restes de viandes, ou bien permettant aux tanneurs de rincer leurs peaux et d’exercer leur métier. Ce pont était un lieu de passage, de commerce pour les habitants les plus pauvres de la ville.
Il faut attendre l’intervention de Ferdinand Ier de Medicis en 1595 pour que le Ponte Vecchio devienne un lieu réservé aux arts nobles : la bijouterie et l’orfèvrerie. En effet, Ferdinand a fait couvir le pont d’un corridor en hauteur, d’un kilomètre de long, reliant son palais Piti au Palazzo Vecchio, ruse politique pour pouvoir surveiller la noblesse de la ville. Mais évidemment il est très rapidement importuné par les odeurs fortes dégagées sur le Pont. Voilà donc le Ponte Vecchio rempli du jour au lendemain d’échoppes de luxe, tel que nous le connaissons aujourd’hui avec cette apparence extérieure faite d’une multitude d’arrières-boutiques pendues à ses flancs, et c’est bien le seul de la ville. Les autres ponts couverts de la ville de Florence, ont tous été detruits lors de la liberation de Florence, afin de faire reculer les troupes ennemies. Pourquoi le Ponte Vecchio n’a-t-il pas été detruit lui aussi me direz vous ? Il se trouve que le temps a joué en sa faveur et qu’il en a fallu de quelques minutes pour qu’il y passe aussi.
Ainsi, ce pont aux allures et aux échoppes d’antan fait encore rêver les passants d’aujourd’hui et d’hier. Et moi aussi je me suis laissée conduire par le doux appel de ce pont à la fois fragile et imposant par son âge et sa bâtisse, par ses couleurs chaudes en ce gris mois de janvier.

Victoire Lieb

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